Menaces sur un chef tribal opposé à l'expulsion de sa communauté
30 Mars 2015
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Un chef tribal d’une réserve de tigres en Inde craint pour sa sécurité, un agent de la faune ayant incité les membres de sa communauté à l’agresser et à le pousser à partir pour avoir milité en faveur de leur droit à rester sur leur territoire.
Telenga Hassa, un Munda de la communauté Jamunagarh, qui est aujourd’hui la réserve de tigres de Similipal, a mené la lutte de son village contre l’ordre officiel d’expulsion au nom de la protection des tigres.
Lors d’une réunion du village en janvier, en l’absence de Telenga, un ‘garde honorifique de la vie sauvage’ aurait appelé les villageois à l’agresser ou à le chasser de la réserve s’il n’était pas d’accord avec la relocalisation. Telenga a déclaré à Survival que lors de réunions précédentes, ce même garde l’avait verbalement agressé et avait déchiré une déclaration mentionnant leur opposition aux expulsions.
Selon la loi indienne et internationale, le consentement libre, préalable et éclairé des peuples indigènes est requis avant toute expulsion de leur territoire ancestral, or les villageois de Jamunagarh ont subi des années de harcèlement : en septembre dernier, ils ont déclaré avoir été ‘menacés’ et ‘abusés’ afin qu’ils acceptent de partir.
Telenga a déclaré à Survival : ‘Nous préférerions mourir plutôt que de quitter le village. Le département des forêts nous presse de partir. Ils nous adressent des menaces du genre : “Si vous tentez de rester, nous vous poursuivrons en justice, nous dirons que vous êtes des maoïstes et nous vous arrêterons”’.
En Inde, les tribus sont illégalement expulsées de leur territoire ancestral au nom de la protection des tigres. En décembre 2013, 32 familles de la tribu khadia ont été expulsées de la réserve de Similipal et contraintes à vivre dans des conditions déplorables, sous des bâches en plastique. Des milliers de Baiga ont été expulsés de la réserve de tigres de Kanha, qui a inspiré le Livre de la Jungle.
Telenga a déposé une plainte auprès de la police du district mentionnant les agressions verbales, les menaces et les incitations à la violence. Survival a dénoncé ces exactions à deux reprises devant la Commission des droits de l’homme de l’Etat d’Odisha mais n’a reçu aucune réponse.
Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Ces faits ne constituent qu’un exemple de plus quant à la manière dont les tribus sont intimidées et menacées en Inde dans le but de les obliger à quitter leurs territoires situés dans les réserves de tigres. Ceux qui, comme Telenga, sont assez courageux pour résister à ces expulsions soi-disant volontaires subissent menaces et harcèlement. Les peuples indigènes sont les meilleurs défenseurs de l’environnement, ils ont pris soin de leurs terres durant de nombreuses générations. Les expulser de leur territoire constitue une violation de leurs droits fondamentaux et ne protège en rien les tigres’.
Notes aux rédactions :
- Le gouvernement indien accorde le titre de ‘garde honorifique de la vie sauvage’ (HWWs) aux citoyens qui ont montré leur engagement pour la protection de la nature. Ces gardes assurent la liaison avec le département des forêts et apportent leur expertise aux efforts de l’Etat pour la préservation de l’environnement.
- Il a été annoncé aux habitants du village de Jamunagarh qu’ils ne recevraient pas de terre cultivable en compensation de leur expulsion, ce qui signifie qu’ils n’auront plus aucun moyen de nourrir leurs familles.