Aujourd'hui, les Blancs crient : "Nous avons découvert la terre du Brésil !" Mais nos ancêtres ont toujours connu cette terre.
Davi Kopenawa, chamane yanomami connu comme le « dalaï-lama de la forêt amazonienne »
 

 

 

La campagne #DecolonizeHistory ("Décoloniser l’Histoire") – également appelée #MayflowersKill (“Les Mayflowers tuent") – est un partenariat entre les peuples autochtones d’Amérique et Survival International. L’objectif de la campagne est de donner une visibilité mondiale à l’histoire du génocide des Autochtones sur le continent américain et à travers le monde ; de révéler comment cette histoire se répète sur d’autres continents et de montrer comment elle peut – et doit – être stoppée. 

Mais avant tout, qu’entendons-nous par “décoloniser l’histoire” ?

Il est important de comprendre que notre histoire collective a été écrite d’un point de vue eurocentriste et colonialiste, et donc sans prendre en compte l’existence d’autres réalités, qui sont pourtant bien réelles. C’est ce qui a, en partie, permis de justifier le vol de terres et, par conséquent, les violences qui en découlent. 

Par exemple, si l’on “découvre” un territoire, cela sous-entend que personne ne s’y trouvait auparavant et qu’on peut donc légitimement se l’approprier. C’est le sens de la fameuse locution “terra nullius”, “territoire sans maître”, utilisée par les colons pour envahir notamment l’Australie.

Faire face à son passé, c’est se permettre de se reconstruire sur des bases plus saines. C’est reconnaitre et pouvoir, en partie, agir sur les traumatismes – engendrés par la colonisation, le racisme, le vol des terres et la violence génocidaire – de peuples entiers, et ce sur des générations.

L'arrivée de Christophe Colomb

Il y a plus de 500 ans, le 12 octobre 1492, l'expédition dirigée par Christophe Colomb atteignait une île des Bahamas appelée Guanahani par ses habitants autochtones (les Tainos), que les conquistadors espagnols rebaptisèrent San Salvador. Ce fut le premier contact durable entre les Européens et les habitants des Amériques. 

Mais l'arrivée de Christophe Colomb sur le continent américain a marqué le début d'une histoire d'extermination par des maladies importées contre lesquelles les Autochtones n'avaient aucune immunité, mais aussi par la violence, l'esclavage, le pillage, le vol des terres et des ressources, qui se poursuit aujourd'hui encore.

On estime que, pour la seule année 1600, 56 millions d'Autochtones sont morts à la suite de l'arrivée des Espagnols sur le continent américain (environ 90 % de la population). 

 

L'histoire du Mayflower

Quelques années après, en 1620, une centaine de réfugiés puritains arrivèrent en Amérique du Nord à bord du Mayflower. Ayant échappé à la persécution et à la discrimination en Angleterre, les colons furent aidés par les autochtones afin de survivre sur cette terre nouvelle et – pour eux – hostile. Aux yeux de ceux qui y vivaient depuis des temps immémoriaux, il s'agissait bien sûr d'un environnement abondant qui avait depuis longtemps été façonné et sauvegardé par ses habitants afin de pourvoir aux besoins des générations futures. 

C’est pratiquement un miracle que nous soyons encore là. Nous sommes les descendants d’un peuple qui a survécu à une tentative de génocide – la perte de la vie de nos Ancêtres, l’effacement de notre spiritualité, de notre culture, de nos terres et de nos ressources naturelles, tout cela en raison d’une perception déformée de la supériorité occidentale et d’un droit divin autoproclamé de dominer les autres peuples. Nous sommes douloureusement conscients que l’histoire ne peut se répéter.
Chairwoman Cheryl Andrews-Maltais, Aquinnah Wampanoag

Les colons ne rendirent pas l’accueil qui leur avait été réservé. Le débarquement du Mayflower entraîna des siècles d'invasion, de guerre et de maladie qui tuèrent des dizaines de millions d'autochtones. Ce génocide et cette discrimination se répercutent encore aujourd'hui sur tout le continent. Elles se manifestent par des taux extrêmement élevés de pauvreté, de maladie, de violence domestique, de brutalité policière, d'emprisonnement, de suicide et par la faible espérance de vie des autochtones d'Amérique du Nord par rapport aux descendants d'immigrants. Ces tragédies criminelles découlent du racisme perpétré par la société coloniale instaurée par les colons. 

Les colons ne pouvaient pas ignorer que les habitants autochtones de la Nouvelle-Angleterre avaient des revendications sur les terres. Cependant, ayant rationalisé leur position légitime en tant que peuple plus civilisé, les colons ont jugé leur revendication plus importante et ont régulièrement usurpé ou manipulé les droits des autochtones.1
Paula Peters, Mashpee Wampanoag

Malgré cela, les survivants qui en sont capables continuent à résister et à défendre leurs terres et leur identité. 

Cette histoire se répète dans d'autres parties du monde, notamment en Amérique du Sud, où de nombreux peuples autochtones peuvent être victimes de premiers contacts mortels avec des personnes extérieures. Cela entraine régulièrement la mort d’au moins la moitié, et parfois bien plus, des membres des peuples concernés.

Célébrer le voyage des pèlerins, c’est célébrer le colonialisme, célébrer le génocide. La tragédie de ce qui a suivi l’arrivée des pèlerins ne fait aucun doute, et nous sommes amenés à nous demander comment nous devrions nous souvenir de cet événement. Et, pour beaucoup de membres de la nation wampanoag, c’est quelque chose qu’il faut pleurer et non pas célébrer. La perception de cette histoire par le public est importante. Elle façonne notre rhétorique, la façon dont nous parlons de ce qui s’est passé ici. Il est crucial que notre histoire soit entendue, mais pas d’une manière qui efface davantage notre survie et notre résilience. Nous devons en parler d’une manière qui reflète les obstacles que nous avons surmontés et les énormes succès que nous avons connus malgré toute la tragédie.
Samantha Maltais, Aquinnah Wampanoag

La COVID-19 n'est que la dernière en date des nombreuses maladies importées qui menacent la survie des peuples autochtones des Amériques. Leur survie est un élément essentiel de la diversité de l'humanité, dont dépend la biodiversité et dont nous dépendons tous. 

Découvrez sur la carte ci-dessous d'autres témoignages d'Autochtones d'Amérique du Nord sur ce qu'ils pensent de l'arrivée du Mayflower (en anglais) :

La campagne #MayflowersKill contre-attaque, et nous vous invitons à la rejoindre – pour les peuples autochtones, la nature et toute l'humanité.

 

Partagez cette page pour faire savoir que les Mayflowers tuent : #MayflowersKill

1. Peters, Paula. Preface. Of Plymouth Plantation by William Bradford: the 400th Anniversary Edition, Kenneth P. Minkema, Francis J. Bremer, and Jeremy D. Bangs, 2020, I-XXIII. 

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