5 actions + 5 histoires = 55 ans avec les peuples autochtones (1969-2024)
5 actions et 5 histoires autochtones – 55 ans avec les peuples autochtones (1969-2024)
Le 23 février 1969, le Sunday Times britannique publia “Genocide”, l'article de Norman Lewis qui est à l'origine de l'histoire de Survival International.
Depuis ce jour, Survival n'a en 55 ans jamais été une simple organisation, mais un mouvement. Des adhérent·es, donatrices, donateurs et militant·es du monde entier, originaires de plus de 100 pays, ont été et sont toujours l'épine dorsale sur laquelle reposent nos campagnes pour les droits des peuples autochtones.
À l'occasion de ce 55ème anniversaire, nous revenons sur cinq exemples d'activisme et cinq histoires de peuples autochtones dont le courage et la détermination ont inspiré notre travail.
5 exemples d'activisme
Nous avons toujours cherché à rendre visibles les abus perpétrés contre les peuples autochtones et à transformer l'inquiétude du public en une puissante force de changement. Tout au long de nos 55 années d'existence, nous y sommes parvenus de différentes manières, sans jamais abandonner ni céder.
Voici 5 exemples de militantisme qui illustrent l'histoire de notre engagement infatigable de 1969 à aujourd'hui.
1. Vigies contre le génocide
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“Voilà ce que je dis à mon peuple : si Survival ne se battait pas et ne défendait pas nos droits, les gouvernements auraient tué tous les peuples autochtones du monde.”
– Davi Kopenawa Yanomami, 2009Les vigies et les rassemblements sont le type de mobilisations qui ont le plus caractérisé nos premières années.
Parmi les nombreuses actions que nous menons avec persévérance, en collaboration avec des militant·es et des bénévoles, on peut citer la vigie hebdomadaire pour les Yanomami, qui a eu lieu pendant sept ans devant l'ambassade du Brésil à Londres et occasionnellement dans vingt autres pays, et la vigie mensuelle que nous avons tenue pendant quatre ans pour les Jumma, victimes d'attaques brutales et de meurtres par les forces de sécurité du Bangladesh.
Ces deux actions, ainsi que d'autres formes de pression exercées par Survival et nos alliés autochtones et non autochtones, ont porté leurs fruits : en 1992, le gouvernement brésilien a délimité le territoire des Yanomami et, en 1997, le gouvernement du Bangladesh a signé un accord de paix avec les Jumma.
2. Nous escaladons la Colonne Nelson: “Canada, laisse vivre les Innu”
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“Merci à Survival d'avoir été là pour mon peuple dans les moments critiques ! Nos vies en tant qu'Innu se sont améliorées grâce à votre travail et à votre solidarité avec notre peuple.”
– Armand MacKenzie, avocat innu, 2019En 1995, quatre grimpeurs et sympathisants de Survival ont sensibilisé le public au traitement inhumain des Innu par le gouvernement canadien en menant une action marquante : ils ont escaladé la Colonne Nelson à Trafalgar Square à Londres (qui mesure plus de 50 mètres de haut), du haut de laquelle ils ont ensuite déployé une gigantesque bannière de protestation adressée au haut-commissaire du Canada au Royaume-Uni. De là-haut, avant que la police ne les force à descendre et ne leur inflige une amende, ils ont passé une heure à donner des interviews aux médias du monde entier à l'aide d'un téléphone portable qu'ils avait hissé jusqu'à eux au moyen d'une corde.
🎥 Voici les images de cette journée mémorable (vidéo en anglais). Lisez aussi le rapport “Un Tibet au Canada – la mort programmée des Innus”.
3. “Awáicon” pour le peuple le plus menacé au monde
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“Cette importante victoire a été obtenue grâce à la campagne inlassable de Survival.”
– Nixiwaka Yawanawá, 2014Pendant deux ans (2012-2014), les sympathisant·es de Survival à travers le monde ont fait campagne contre la destruction, par des exploitants forestiers et des éleveurs illégaux, des terres des Awá non contactés en Amazonie brésilienne.
Nous avons envoyé plus de 57 000 messages de protestation au gouvernement brésilien et fait connaître la campagne partout : des célébrités et le grand public – des personnes dans plus de 38 pays – ont pris des photos avec le “awáicon" (un logo créé pour l'occasion), qu'ils ont partagées de manière créative.
Face à cette immense pression, les autorités brésiliennes ont envoyé en janvier 2014 des équipes chargées d'expulser tous les envahisseurs se trouvant illégalement sur le territoire des Awá.
4. Manifestations
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À de nombreuses reprises, nous avons manifesté avec des militant·es, des sympathisant·es et aux côtés de mouvements alliés.
Une des actions de ces dernières années dont nous gardons le souvenir le plus mémorable est la manifestation ayant eu lieu dans le cadre du contre-congrès “Notre terre, notre nature”, que nous avons organisé à Marseille en 2021. Aux côtés notamment de Llanquiray Painemal, Taneyulime Pilisi, Juan Pablo Gutierrez, d'Attac, Alternatiba, Les Amis de la Terre et Extinction Rebellion, de la porte d'Aix au Vieux Port en passant par la Canebière, nous avons manifesté contre le Congrès mondial de la nature de l'UICN qui se tenait à ce moment-là dans la même ville.
Il était prévu que, depuis le confort de leur événement d'élite, des leaders mondiaux, des grands patrons et l'industrie de la conservation de la nature tentent d'y transformer 30 % de la planète en Aires protégées (le projet des 30x30) et de promouvoir d'autres "Solutions fondées sur la nature" (SfN). Or il s'agit là de fausses solutions qui détournent l'attention des véritables causes de la destruction de l'environnement et du changement climatique, et de ceux qui en sont les principaux responsables, tout en détruisant les peuples autochtones.
Ce fut un rassemblement mémorable au cours duquel nous avons réfléchi au rôle central des peuples autochtones dans la lutte contre la crise climatique et la perte de biodiversité, ainsi qu'à l'importance de l'antiracisme à cet égard.
5. #TierraAyoreo et les réseaux sociaux
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En mars 2022, la CIDH (Commission interaméricaine des droits de l'homme) a fait avancer le dossier de la revendication territoriale du peuple ayoreo du Paraguay pour protéger ses membres non contactés : elle a accepté la lettre présentée par Survival International et la déclaration commune de neuf organisations autochtones d'Amérique latine. Un grand pas en avant dans la lutte territoriale des Ayoreo.
Seules quelques semaines auparavant, Survival avait mené #TierraAyoreo, la plus grande action d'activisme numérique jamais vue en soutien au peuple ayoreo. En quelques heures, des milliers de sympathisant·es avaient partagé le hashtag, taguant la CIDH pour demander la protection du territoire des Ayoreo contre l'élevage extensif de bétail et la déforestation, et la vidéo de la campagne a enregistré 54 000 vues. L'action a été décisive pour que la CIDH donne la priorité au cas des Ayoreo.
#TierraAyoreo est un exemple clair de ce que Survival fait de mieux : mobiliser l'opinion publique afin de faire pression sur les autorités et les organismes internationaux pour défendre les droits autochtones, et ce avec des résultats indéniables !
Dans l'ère numérique à laquelle nous nous trouvons, les réseaux sociaux représentent un outil clef pour la cause. Suivez-nous sur les réseaux sociaux et partagez notre contenu. Militez avec les outils numériques pour les droits des peuples autochtones !
5 histoires de leaders autochtones
Le travail de Survival est guidé et inspiré par les peuples autochtones avec lesquels nous travaillons.
Au fil des ans, les relations étroites entretenues avec eux nous ont permis d'apprendre de leur résilience et, avec eux, nous discutons et planifions la manière dont Survival peut les soutenir au mieux.
C'est pour et grâce à eux que notre mouvement existe et que nous continuons à nous battre.
Voici seulement cinq des innombrables personnes extraordinaires avec lesquelles nous avons partagé la route et pour les droits desquelles nous avons lutté au cours des 55 dernières années.
1. Damiana Cavanha, Guarani
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“Nous disons à tout le monde que nous avons décidé de résister ici, au bord du ruisseau et à la lisière de la forêt, sur notre terre réoccupée.”
Damiana était une amie très chère de Survival et une leader inspirante pour son peuple, les Guarani d'Apy Ka'y, dans le Mato Grosso do Sul, au Brésil. Au début des années 1990, sa communauté a été expulsée de ses terres ancestrales sous la menace des armes.
Des entreprises agro-industrielles se sont emparées du territoire de sa communauté pour le transformer en immenses plantations de canne à sucre. Damiana n'a jamais abandonné : elle et les siens ont passé des années à camper le long d'une route qui traverse leur terre, menant de nombreuses retomadas (tentatives de réoccupation de leur territoire ancestral, tekoha) tout en subissant des attaques continues de la part du propriétaire terrien qui les a expulsés et de ses hommes de main.
Damiana est décédée fin 2023, mais la lutte de son peuple continue. ✊ Agissez pour les Guarani !
2. Rita Piripkura, Piripkura
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“Il y a beaucoup d'accapareurs de terre dans le coin, qui pourraient les tuer tous les deux [les membres non contactés de ma famille]. S'ils les tuent, il n'y aura plus personne.”
Rita est née au sein d'un peuple autochtone non contacté, les Piripkura, en Amazonie brésilienne. Son peuple a longtemps fui les bûcherons et les envahisseurs, et sa famille a survécu à un massacre génocidaire. Rita a épousé un membre du peuple autochtone karipuna. C'est là que nous l'avons rencontrée et l'avons écoutée nous raconter son histoire.
Aujourd'hui, des peuples autochtones voisins comme les Kawahiva risquent de subir le même sort que les Piripkura. Il est donc vital que l'appel de Rita à protéger et à respecter les territoires habités par les peuples non contactés soit entendu. ✊ Agissez pour les Kawahiva !
3. Eyaya Nivrel, Baka
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“La forêt est notre foyer, mais maintenant elle est contrôlée par d'autres. Maintenant il n'y a plus que de la torture dans cette forêt.”
Eyaya appartient au peuple de chasseurs-cueilleurs des Baka, qui vit dans le bassin du Congo. Les Baka ont été chassés de leur forêt pour la création du parc national d'Odzala-Kokoua et d'autres projets de conservation de la nature.
Lors d'une récente visite des chercheuses et chercheurs de Survival, Eyaya nous a raconté que les Baka sont menacés, battus, voire torturés, par les gardes forestiers lorsqu'ils tentent de pénétrer dans leur forêt.
Les campagnes de Survival, auxquelles participent des milliers de sympathisant·es, ont contribué à réduire la violence à l'encontre des Baka dans d'autres parcs nationaux.
Nous devons continuer à nous mobiliser ! ✊ Aidez-nous à arrêter ce génocide vert !
4. Olímpio Guajajara, Guajajara
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“Mon peuple souffre [...] Je veux que le public international soit sensibilisé, qu'il défende la vie et les poumons du monde à nos côtés.”
Olímpio est l'un des leaders d'un groupe connu sous le nom de “Gardiens guajajara”, constitué de membres du peuple autochtone guajajara, dans l'État brésilien de Maranhão. Depuis plus de dix ans, les Gardiens guajajara protègent volontairement le territoire d'Arariboia, sa forêt (envahie par des bûcherons illégaux et d'autres envahisseurs) et celle du peuple awá non contacté qui vit dans la même région.
Olímpio risque sa vie tous les jours pour cette mission (six Gardiens ont été tués ces dernières années), mais sa détermination est plus forte que la peur. Survival se bat à ses côtés et aux côtés des autres Gardiens depuis des années, leur offrant une plateforme pour s'adresser au monde entier afin de dénoncer la déforestation et les attaques des exploitants forestiers.
5. Soni Sori, Adivasi
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“Plus ils sont violents à mon égard, plus je me sens forte. Ils ne pourront pas me briser. Je serai de plus en plus forte.”
Soni Sori, enseignante, militante et leader adivasi, est mère de trois enfants. Elle vit dans l'État indien de Chhattisgarh.
Elle a été victime de diffamation et de harcèlement pour avoir exhorté les femmes adivasi à résister à la violation de leurs terres, de leurs droits et de leurs corps. Arrêtée injustement en tant que “rebelle”, elle a subi de terribles tortures et violences sexuelles en prison. Acquittée et libérée, elle a été agressée par des hommes qui lui ont frotté le visage avec une pâte caustique, la brûlant et lui laissant des cicatrices.
Soni continue d'aider les femmes autochtones à dénoncer les violences sexuelles et les abus commis par les autorités, de même qu'à lutter pour mettre fin à la violation des droits et de la vie des Adivasi. En 2018, elle a remporté un prix international des droits humains.
Nous comptons sur vous
Nous luttons pour les droits des peuples autochtones depuis 1969. Avec eux, nous menons des recherches, des campagnes et des actions de mobilisation pour faire entendre leur voix et exiger le respect de leurs droits territoriaux.
Grâce à votre générosité et votre engagement, nous continuerons à aider Damiana, Rita, Eyaya, Olímpio, Soni et des centaines de peuples autochtones du monde entier à défendre leurs droits territoriaux.