Des leaders autochtones indiens dénoncent l'hypocrisie de Modi à propos du charbon

10 Novembre 2021

Deux hommes adivasi contemplent un paysage apocalyptique : la vaste mine de charbon qui a remplacé leur forêt ancestrale, la forêt de Hasdeo dans le Chhattisgarh. © Vijay Ramamurthy

Cette page a été créée en 2021 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Les représentants adivasi (autochtones) d’Inde ont dénoncé le fait que le premier ministre Narendra Modi fasse la promotion de ses engagements verts à la COP tout en planifiant simultanément une expansion massive de l’exploitation du charbon sur leurs terres.

Les terres et les moyens de subsistance de dizaines de milliers de personnes autochtones et tribales seront détruits par le plan de Modi visant à ouvrir 55 nouvelles mines de charbon, à agrandir 193 mines existantes et à produire un milliard de tonnes de charbon par an. Parmi ces nouvelles mines, 80 % se trouveront sur des terres adivasi.

De vastes zones de forêts tribales sont vendues sans le consentement des personnes concernées. Des entreprises comme Adani, Jindal et Vedanta s’emparent des gisements de charbon qui sont mis aux enchères dans le cadre de la ruée vers le charbon de Modi.

L’une des zones visées est l’inestimable forêt de Hasdeo dans le Chhattisgarh, où vivent 20.000 Adivasi. Deux mines y sont déjà opérationnelles et une troisième, Parsa, vient d’être approuvée. La mine de Parsa sera exploitée par le géant minier Adani, dont la filiale a récemment été annoncée comme sponsor du Musée des sciences de Londres.

Des Adivasi (Autochtones) de la forêt de Hasdeo protestent contre les projets d‘exploitation du charbon qui détruiraient leur forêt. Village de Fateppur, Chhattisgarh © Vijay Ramamurthy

Shakuntala, un leader oraon de Hasdeo, a déclaré : « Si la mine arrive dans la forêt de Hasdeo, toute la région sera détruite, y compris les villages adivasi. La forêt nous donne tout ce dont nous avons besoin. Si la mine est ouverte, il ne restera rien. Tout sera déraciné. La Terre est notre Mère. Nous sommes les fils et les filles de la Terre. Alors comment pouvons-nous regarder quelqu’un détruire notre Mère ? Nous sommes prêts à donner notre vie pour la Terre Mère.

« Quand le gouvernement le veut, il cède nos terres aux industries et à l’extraction du charbon. Nous, les Adivasi, ne sommes donc pas libres. Nous n’acceptons pas cet esclavage. Nous donnerons tout ce que nous avons pour résister à cet esclavage –  nos corps, nos âmes, nos vies –, mais nous ne l’accepterons jamais. Nous ne céderons ni nos forêts ni nos terres. Si nous le faisons, l’existence des Adivasi sera perdue à jamais. »

Phillip, un activiste oraon. La terre de son peuple (en arrière-plan) a été tranchée en deux par une mine de charbon géante. © Survival

Phillip, un activiste oraon de Jharkhand, a déclaré : « Nous, les Adivasi, pouvons sauver la Terre […] mais ils n’y voient aucune valeur. Ils veulent juste que nous soyons morts […] Cette décharge que vous voyez derrière moi, c’est ainsi que Modi nous voit, nous les Adivasi. Je veux dire à Modi : “Vous ne pouvez pas rester au pouvoir longtemps.” À Adani et Ambani : “Les grandes entreprises comme vous doivent aussi faire attention.” Nous, les Adivasi, n’allons pas vous laisser nos terres. Parce que, si quelque chose peut sauver le monde, c’est la vision du monde du peuple adivasi. Il n’y a pas d’autre moyen. Par l’exploitation minière, vous détruisez l’environnement, qui est la vie du peuple adivasi. Écoutez-moi bien : changez ou la nature vous changera pour le mieux. »

Athram, un avocat et leader gond de l’Andhra Pradesh, a déclaré : « Un sommet mondial de la COP est en cours, et je veux mettre en garde les dirigeants de la COP qui participent au sommet : vous parlez de protection de l’environnement, mais les Adivasi sont les véritables protecteurs de l’environnement. Le gouvernement met en place tellement de projets pour détruire les Adivasi. L’environnement est détruit. Notre culture, notre mode de vie et nos forêts sont détruits par ce gouvernement.

« Les mêmes dirigeants du gouvernement se rendent à ces sommets pour mentir en disant “Je sauve l’environnement” et ainsi de suite. Jusqu’où peuvent-ils s’en tirer avec un tel mensonge ? Détruire nos communautés et détruire l’environnement en imposant des projets destructeurs sur nos terres est contraire à l’accord [de Paris]. Ici, vous détruisez notre peuple et là-bas [à Glasgow], vous parlez de la protection de l’environnement comme si vous le protégiez vous-même. Pourquoi mentez-vous de la sorte ? Nous, les Adivasi […] nous pouvons prendre soin de nos terres, nous savons comment les protéger. Nous voulons nos terres, notre territoire. Qui êtes-vous ? Vous êtes assis quelque part à Delhi, puis vous allez à des réunions comme celle-ci et vous parlez comme si vous étiez un “grand protecteur de l’environnement”. Ne mentez pas comme ça. »

Et Mukesh, un activiste ho de Jharkhand, a déclaré : « Je veux envoyer ce message aux dirigeants de la COP qui pensent qu’ils peuvent sauver notre environnement tout en continuant à promouvoir l’exploitation minière et l’industrialisation. À cause de l’exploitation minière, nos forêts seront déboisées, nos rivières envasées. Si nos forêts et nos écosystèmes, qui sont nos écoles, sont détruits, alors nos connaissances le seront aussi. Si nos connaissances sont détruites, l’avenir de la planète sera en danger. C’est pourquoi, pour sauver la planète, il faut sauver les Adivasi qui vivent dans leurs écosystèmes. »

Survival a récemment lancé, en collaboration avec des représentants adivasi, sa campagne “Adivasis Against Coal” : l’objectif est de faire pression sur les autorités indiennes afin qu’elles cessent d’exploiter le charbon sur les terres des Adivasi sans leur consentement.

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