Vingt-cinq ans plus tard : un peuple non contacté laissé à la merci de forestiers armés et de gangs violents

16 Avril 2024

Les Kawahiva ont fait l’objet d’une captation vidéo en 2011 lors d’une rencontre fortuite avec les membres d’une mission gouvernementale, mais leurs terres sont toujours insuffisamment protégées. © FUNAI

Leur existence a été officiellement confirmée il y a vingt-cinq ans, mais leurs terres ne sont toujours pas suffisamment protégées.

Des militants des droits autochtones ont critiqué les autorités brésiliennes pour n’avoir pas protégé les derniers membres d’un peuple non contacté contre d’éventuelles attaques, dans l’une des régions les plus violentes du pays.

L’existence des Kawahiva (qui vivent sans interaction avec des personnes de l’extérieur) a été officiellement confirmée il y a vingt-cinq ans et a été filmée lors d’une rencontre fortuite il y a treize ans. Il y a huit ans cette semaine, le ministre de la Justice brésilien promulguait un décret reconnaissant la zone comme territoire autochtone.

Toutefois, la protection juridique de ce territoire reste incomplète, car les autorités, influencées par certains politiciens, ainsi que par de puissantes entreprises forestières et d’élevage établies à proximité, ralentissent la procédure.

Flagrant délit : un bulldozer dégageant une piste d’exploitation forestière illégale au sein du territoire des Kawahiva (image d'archive) © FUNAI

Le territoire des Kawahiva se trouve dans la municipalité de Colniza, l’une des régions les plus violentes du Brésil. Aujourd’hui, 90 % des revenus de Colniza provient de l’exploitation forestière illégale.

Nous savons que de nombreux Kawahiva ont été tués par des forestiers et des éleveurs au cours des dernières décennies. D’autres sont morts de maladies introduites par des personnes venues de l’extérieur. Ceux qui ont survécu sont aujourd’hui les derniers Kawahiva.

En août 2022, la Cour suprême du Brésil a donné à la FUNAI (organisme gouvernemental en charge des politiques relatives aux Autochtones) soixante jours pour finaliser un plan établissant la démarcation définitive du territoire. Malheureusement, aucune avancée n’a été réalisée depuis. 

Jair Candor, célèbre représentant de la FUNAI en charge de la protection du territoire contre les invasions, a déclaré : “L’unique moyen d’assurer leur survie consiste à cartographier les terres et à mettre en place une équipe de protection du territoire permanente. Sans cela, les Kawahiva n’existeront plus que dans les livres d’histoire, comme tant d’autres peuples autochtones de cette région.”

Eliane Xunakalo, présidente de l’organisation autochtone locale FEPOIMT, a déclaré : “La démarcation de ce territoire doit à tout prix être finalisée. Seule une démarcation permettra de garantir la sécurité de nos proches non contactés.”

Caroline Pearce, directrice de Survival International au Royaume-Uni, a déclaré aujourd’hui : “Cela fait maintenant plus d’un an que le Président Lula a pris ses fonctions, et le processus de protection des terres des Kawahiva semble paralysé, malgré le fait qu’ils vivent dans l’une des régions les plus violentes du pays. Les collaborateurs de Lula sont parfaitement conscients que les Kawahiva ne survivront pas si leurs terres ne sont pas parfaitement protégées. Nous savons qu’un très grand nombre de Kawahiva ont été tués lors de précédents massacres, et que la déforestation qui encercle leur territoire gagne du terrain à un rythme effrayant.” 

“L’engagement du Président Lula en matière de droits autochtones n’aura guère de sens si des peuples tels que les Kawahiva, qui frôlent actuellement l’extinction, sont laissés à la merci de bandes de forestiers ou d’éleveurs lourdement armés, qui ne cachent pas leur volonté de s’emparer du territoire de ce peuple.”

 

Notes aux rédactions :

Le territoire concerné est dénommé “Kawahiva do Rio Pardo”. D’autres peuples, apparentés aux Kawahiva, vivent dans d’autres territoires à proximité.

Une nouvelle campagne vidéo a été lancée par Survival en collaboration avec des organisations autochtones et autres alliés.

Kawahiva
Peuple

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