La Cour suprême indienne lève l'embargo sur les safaris humains

6 Mars 2013

Le refus de la Cour suprême d’interdire la réserve des Jarawa aux touristes fait à nouveau craindre l’exploitation de la tribu. © Ariberto De Blasoni/Survival

Cette page a été créée en 2013 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

La Cour suprême indienne aurait cassé la décision provisoire de janvier dernier d’interdire les safaris humains dans les îles Andaman, portant un coup dur à la campagne contre cette forme de tourisme controversée.

Avant la décision de la Cour, des centaines de touristes traversaient quotidiennement la route Andaman Trunk Road en espérant pouvoir observer les Jarawa et leur jeter quelques biscuits pour les inciter à danser devant leurs caméras. Cette mesure provisoire avait permis de réduire d’environ deux-tiers le nombre de véhicules pénétrant dans la réserve.

Les tour-opérateurs des îles Andaman se préparent déjà depuis quelque temps à la réouverture de la route prévue vendredi.

Enmai, un jeune Jarawa, s’est exprimé sur ce qu’il ressent lorsque les touristes le prennent en photo : ‘Ça ne me plaît pas. Je n’aime pas qu’ils nous prennent en photo depuis leurs véhicules’.

L’exploitation des Jarawa à travers les safaris humains a été la cible d’une campagne menée depuis trois ans par Survival International et l’organisation locale Search. Ce genre de tourisme avait scandalisé l’opinion publique internationale il y a un peu plus d’un an, après la diffusion d’une vidéo sur le site internet du quotidien britannique The Observer montrant une femme jarawa forcée de danser pour les touristes.

Avant que la Cour suprême ne décide provisoirement d'interdire la route aux touristes, des centaines de véhicules empruntaient la route quotidiennement. © www.andamanchronicle.net /Survival

Dans une lettre adressée à la Cour suprême avant l’audience, Survival demandait que ’l’interdiction du tourisme dans la réserve soit permanente et qu’une route côtière alternative soit ouverte pour remplacer celle traversant la réserve qui doit être définitivement fermée’. La Cour avait déjà ordonné la fermeture de la route en 2002, mais les autorités andamanes ont ignoré son verdict.

La Cour a éveillé de vives inquiétudes lorsqu’elle a demandé aux autorités andamanes ‘si elles souhaitaient que les Jarawa restent à l’écart du courant dominant ou si elles préféraient qu’ils y soient assimilés’. Il est pourtant bien connu que forcer les peuples indigènes à s’intégrer à la société dominante entraîne des conséquences désastreuses, telles que maladie, dépression, addiction et suicide.

La politique officielle vis-à-vis des Jarawa stipule que ’Aucune tentative visant à les intégrer à la société dominante contre leur volonté… ne sera faite’. Mais les élus politiques indiens ont continuellement appelé à leur assimilation.

L'assimilation a déjà eu des impacts dévastateurs sur les peuples indigènes à travers le monde. Les Bo ont été assimilés de force par les Britanniques; leur dernière représentante est décédée en 2010. © Anvita Abbi/Survival

Les Jarawa eux-mêmes, et non pas les autorités, devraient pouvoir contrôler le type et la fréquence de leurs contacts avec le monde extérieur et choisir les changements éventuels à apporter à leur mode de vie. Jusqu’à présent, les Jarawa n’ont montré aucun signe de volonté de quitter leur forêt pour rejoindre la société dominante.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Ce volte-face catégorique est extrêmement alarmant. C’est pourquoi Survival continuera à mener campagne de manière soutenue pour la fermeture de la route. Que les safaris humains puissent continuer est tout simplement scandaleux. La fermeture de la route aux touristes avait au moins donné une chance aux Andamanais d’en finir avec ces pratiques dégradantes et ignobles et nous ferons tout pour qu’elles ne se renouvellent pas’.

Note aux rédactions :

- Lire le rapport de Survival International ‘Le progrès peut tuer’ qui rend compte des impacts catastrophiques de l’assimilation sur les peuples indigènes à travers le monde.

- Télécharger la lettre de Survival à la Cour suprême

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