Visite de Kate et William dans le parc national Kaziranga : 62 personnes assassinées au nom de la lutte contre le braconnage

14 Avril 2016

Ces dernières années des dizaines de personnes ont été assassinées pour ‘lutter contre le braconnage’ dans le parc national Kaziranga, Les gardes forestiers bénéficient d’une immunité et ne peuvent être poursuivis. © Survival

Cette page a été créée en 2016 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Le prince William et Kate Middleton sont actuellement en Inde, en visite dans le parc national Kaziranga. Le parc Kaziranga est une réserve de tigres dont la politique de ‘tirer pour tuer’ a entraîné la mort de 62 personnes en tout juste 9 ans. Ces dernières ont été abattues par des gardes forestiers.

Le parc national, situé dans l’Etat d’Assam, est devenu tristement célèbre dans tout le pays à cause des exécutions extrajudiciaires qui y sont commises. En effet, des gardes armés exécutent sommairement toute personne soupçonnée de braconnage et les populations locales seraient même payées pour dénoncer les personnes qu’elles soupçonnent d’être impliquées dans des activités de braconnage. Les gardes forestiers bénéficient d’une immunité qui les empêche d’être poursuivis par la justice.

Cette politique de ‘tirer pour tuer’ a été critiquée par des organisations de protection de la nature car elle encourage la violence au lieu de lutter efficacement contre les réseaux criminels qui organisent le braconnage. Cette politique a été appliquée par Bishan Singh Bonal, l’ancien responsable du parc, qui dirige désormais l’organisme national chargé de la protection des tigres.

La venue du couple royal au sein de la réserve s’inscrit dans le cadre de sa visite en Inde. Survival International a contacté le prince William, qui parraine plusieurs organisations de protection de la nature, l’exhortant à faire part aux autorités indiennes des préoccupations des tribus concernant les politiques oppressives de protection de la nature.

Gladson Dungdung, un militant des droits des Adivasis (peuples tribaux indiens), a déclaré: ‘Si le prince visite cette réserve de tigres et – je pense que si il aime les tigres, il devrait aussi aimer les Adivasis, parce qu’on ne peut pas choisir entre les deux. La faune, la forêt et les Adivasis coexistent, donc on doit tous les aimer. Si on souhaite protéger une réserve de tigres, on doit aussi protéger les Adivasis et la forêt pour qu’ils continuent à exister sinon ils ne seront plus là et on ne trouvera plus de tigres non plus’.

Dans d’autres régions en Inde, les peuples autochtones sont expulsés illégalement de leurs terres ancestrales au nom de la protection du tigre. Ils risquent d’être arrêtés et battus tandis que le tourisme de masse est encouragé.

Bardhan Singh a été sévèrement battu par des gardes forestiers dans la réserve de tigres de Kanha qui a inspiré le Livre de la jungle. Dans le monde entier, les peuples autochtones subissent de plus en plus les conséquences de la militarisation des politiques de protection de la faune. © Survival

Les peuples autochtones sont les meilleurs défenseurs de l’environnement et les meilleurs gardiens du monde naturel. Prendre les tribus pour cible détourne l’attention de la lutte contre les véritables braconniers – des gangs criminels qui participent au commerce international illicite de la faune. Les populations tribales sont les ‘yeux et les oreilles’ de la forêt et sont donc les mieux placées pour attraper les braconniers, ou même pour signaler leur présence.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Cette visite est l’occasion idéale pour le prince William de dénoncer les exécutions sommaires menées au nom de la protection de la nature. Les exécutions extrajudiciaires ne devraient avoir aucune place dans les actions menées pour protéger les tigres. Pourquoi les grandes organisations de protection de la nature ne sont-elles pas celles qui condamnent fermement ce type de violences? Au lieu de cela, elles soutiennent des politiques de conservation de la faune qui portent préjudice aux peuples autochtoneset ne font que faciliter la tâche des criminels qui gèrent les réseaux internationaux de braconnage. Prendre les peuples autochtones pour cible détourne l’attention de la lutte contre les véritables braconniers. Cela dessert aussi les efforts mis en œuvre pour protéger la nature’.

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