Un Gardien autochtone de l'Amazonie tué au Brésil : le sixième au cours des dernières années

8 Septembre 2022

Janildo Guajajara, Gardien de l’Amazonie, a été tué. © Social media

Janildo Guajajara, Gardien de l’Amazonie, a été tué. © Social media

Un autre membre des Gardiens de l’Amazonie, un groupe autochtone qui patrouille dans la forêt amazonienne pour expulser les trafiquants de bois illégaux, a été tué : il s’agit du sixième Gardien assassiné en l’espace de quelques années.

Janildo Guajajara a été tué samedi à Amarante, une petite ville proche du territoire autochtone d’Arariboia, dans l’État brésilien du Maranhão, où le trafic de bois est très actif. D’après nos informations, il a été pris en embuscade alors qu’il marchait dans la rue.

Il y a dix ans, des membres du peuple guajajara ont fondé le groupe “Gardiens de l’Amazonie” pour protéger le territoire d’Arariboia – dont la forêt est fortement envahie par les trafiquants de bois et les accapareurs de terres – et pour protéger les Awá non contactés qui vivent sur le même territoire.

Avant que les Gardiens ne commencent à opérer, il y avait 72 routes d’exploitation illégale dans la réserve ; aujourd’hui, il n’en reste que cinq. Survival International soutient les Gardiens depuis des années et, avec eux, demande une enquête complète sur le meurtre de Janildo.

Olimpio Guajajara, l’un des leaders des Gardiens, parcourt l’Europe* avec Survival pour rendre compte du travail du groupe, dénoncer les dangers auxquels il est confronté et demander un soutien international. Il a déclaré : « Un autre Gardien a été tué. C’est le sixième à ce jour et, jusqu’à présent, aucun des tueurs des autres Gardiens n’a été puni ou arrêté.

Nous faisons appel à la justice brésilienne pour que justice soit faite et que les assassins soient emprisonnés. »

Les Gardiens ont déclaré dans un communiqué : « Janildo Oliveira Guajajara travaillait avec nous depuis 2018. Il opérait dans la région de Barreiro, à Arariboia, dans un village situé à proximité du site d’une route ouverte par les trafiquants de bois mais fermée par la suite par les Gardiens. Depuis lors, lui et les autres Gardiens de cette région ont subi des menaces constantes, qui sont devenues de plus en plus intenses.

« Toutes ces années, nous avons continué à protéger notre territoire, malgré les menaces et les meurtres. Nous sommes contre la violence qui tue et détruit, nous nous battons pour la vie. Notre peuple réclame justice, et nous exigeons une enquête sur ce crime et d’autres commis contre les Tenetehar (Guajajara). Nous voulons la justice. »

Sarah Shenker, chercheuse à Survival, qui a accompagné les Gardiens lors de leurs patrouilles, a déclaré aujourd’hui : « La vague de violence génocidaire déclenchée par le président Bolsonaro contre les peuples autochtones est implacable. Il règne une atmosphère d’impunité totale, où les puissantes forces qui volent les terres autochtones – les chercheurs d’or, les exploitants forestiers, les accapareurs de terres, l’agro-industrie et les éleveurs de bétail – pensent qu’elles peuvent faire ce qu’elles veulent et s’en tirer à bon compte. Elles sont activement encouragées par l’actuel gouvernement brésilien et, dans tout le pays, les populations autochtones se défendent.

« Janildo savait qu’il devrait peut-être payer de sa vie, mais il était déterminé à devenir un Gardien, car il ne voyait pas d’autre solution pour l’avenir de sa famille et de la forêt. Justice doit être rendue pour lui, pour Paulo Paulino Guajajara et pour tous les autres autochtones tués en première ligne de la lutte pour la terre. Et les gens du monde entier doivent se montrer toujours plus forts pour mettre fin au génocide brésilien et aux forces mondiales qui l’alimentent, pour la survie des peuples non contactées et de tous les peuples autochtones, ainsi que des terres dont ils s’occupent si bien. »

Note aux rédactions

Olimpio Guajajara sera à Paris du 9 au 12 septembre. Il fera notamment une intervention lors de la Fête de l’Humanité le dimanche 11 septembre. Contactez-nous pour toutes informations complémentaires ou demandes d’interviews.

Partager