Le ‘profit avant tout’ : le Pérou approuve un vaste projet pétrolier à peine quelques jours après le violent conflit de Bagua

30 Juin 2009

Flèches disposées en croix par les Indiens isolés dans la zone d\’exploitation de Perenco © Marek Wolodzko/Survival © Marek Wolodzko/AIDESEP

Cette page a été créée en 2009 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Le gouvernement péruvien vient de donner son feu vert à Perenco, une compagnie franco-britannique, pour exploiter le pétrole en Amazonie, moins de deux semaines après le massacre qui a fait plus d’une trentaine de victimes au cours des manifestations contre l’exploitation de l’Amazonie.

Ce projet, qui doit être mené dans une région habitée par au moins deux groupes d’Indiens isolés, est considéré comme la plus grande découverte pétrolière de ces trente dernières années au Pérou. La compagnie Perenco dirigée par François Perrodo, l’une des plus grosses fortunes de France, avait contesté dans le passé la présence d’Indiens isolés dans cette région.

Jusqu’à récemment, les manifestants indiens qui bloquaient les routes et les rivières avaient réussi à empêcher Perenco d’accéder à la zone d’exploitation. Mais la compagnie a réussi à franchir au moins un barrage avec l’aide des forces armées péruviennes.

Des hauts membres du gouvernement péruvien espèrent que le projet de Perenco transformera l’économie du pays. Alors que des centaines d’Indiens manifestaient contre sa compagnie, François Perrodo rencontrait le président péruvien Alan Garcia à Lima et s’engageait à investir 2 milliards de dollars dans ce projet.

Le feu vert du gouvernement a été donné quelques jours après la mobilisation massive du nord du Pérou qui a été violemment interrompue par la police, faisant de nombreux morts parmi les forces de l’ordre et les manifestants indigènes. Le nombre exact des victimes n’est pas encore connu. Survival a récemment publié sur internet le rapport de deux témoins oculaires ayant été pris dans les affrontements.

Perenco projette de construire de nouvelles plates-formes et de forer des puits qui nécessiteront notamment un pont aérien et plusieurs milliers de tonnes de ciment. La « pollution du sol », la « pollution de l’eau » et la disparition du gibier et de l’avifaune sont des conséquences probables du projet d’exploitation pétrolière, a admis la compagnie. Tous ces éléments sont essentiels à la survie des Indiens isolés qui vivent dans ce territoire. Plus grave encore, ces Indiens seront menacés par des maladies contre lesquelles ils n’ont aucune immunité.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Ceux qui espéraient que les violences de ces dernières semaines auraient engagé le gouvernement péruvien à agir avec plus de sensibilité envers les Indiens d’Amazonie doivent être consternés par cette nouvelle. Le moment ne pouvait être plus mal choisi – le gouvernement essaie de se forger une image plus conciliante, mais lorsqu’il s’agit des compagnies pétrolières c’est le profit qui compte avant tout’.


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Sophie Baillon 00 33 (0)1 42 41 44 10
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