Les Bushmen résistent, les exactions gouvernementales s’intensifient

1 Février 2004

Cette page a été créée en 2004 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

‘Le gouvernement a supprimé tout ce qui nous permet de survivre, mais nous ne bougerons pas car il s'agit de notre terre ancestrale.'
Bushman refusant de quitter la Réserve de gibier du Kalahari central

Deux ans après l'expulsion par le gouvernement du Botswana de centaines de Bushmen gana et gwi de leurs terres ancestrales, les autorités intensifient leurs exactions. Elles portent plainte contre un groupe de Bushmen arrêtés alors qu'ils chassaient à proximité du camp de relocalisation où le gouvernement les a parqués.

La chasse est l'unique alternative aux subsides gouvernementaux pour les Bushmen enfermés dans les camps. Lors d'une rencontre récente avec des parlementaires britanniques dans le camp de relocalisation de New Xade, de nombreux Bushmen ont réaffirmé leur ferme intention de retourner sur leur territoire, au sein de la Réserve de gibier du Kalahari central (CKGR) où ils vivent depuis des milliers d'années. Les autorités obligent les Bushmen qui souhaitent rendre visite à leurs proches se trouvant toujours dans la Réserve à demander un permis (formalité administrative impossible à effectuer pour la plupart des Bushmen). Le gouvernement leur interdit également d'introduire dans la Réserve des provisions d'eau pourtant indispensables.

Février 2004 marque le deuxième anniversaire de l'éviction des 700 derniers Bushmen gana et gwi et de leurs voisins, les Bakgalagadi, de leurs terres sur la Réserve. En février 2002, après 15 années de pression au cours desquelles la plupart des Bushmen avaient déjà été expulsés de force, leur dernier puits a été détruit et ils ont été contraints de démolir leurs huttes. La police et l'armée ont menacé les Bushmen de les brûler vifs dans leur logement en cas de refus. Malgré ces menaces, plusieurs douzaines de Bushmen et de Bakgalagadi ont refusé de partir et sont restés sur leurs terres, ne disposant plus que de l'eau de pluie et de celle extraite de certains tubercules.

Environ 2 500 Bushmen et Bakgalagadi vivent à présent dans deux sinistres camps de relocalisation qu'ils nomment ‘lieux de mort'. Depuis les premières expulsions en 1997, les témoins ont constaté une désintégration continue de la cellule familiale aux prises avec l'alcoolisme et la dépression.

Récemment, à l'occasion de la visite d'un représentant de Survival dans le camp, un Bushman témoignait : ‘Il y a beaucoup d'alcoolisme et les gens ne mangent pas. Ils vont dans les bars et boivent de la bière pour oublier leurs difficultés. Lorsqu'ils vivaient encore dans la Réserve, les gens avaient un esprit et un corps sains. Les fonctionnaires gouvernementaux ont introduit le Sida ici. Nous ne connaissions pas ces maladies.'

Les gens s'ennuient et se sentent démunis parce qu'ils dépendent des autorités pour la nourriture. De plus, les possibilités de chasse ou de cueillette sur les terres stériles qui entourent les camps restent très limitées. Un autre Bushman expliquait à Survival : ‘Cela nous attriste beaucoup. Nous nous sentons impuissants. Nous nous sentons comme des ordures jetées à la poubelle.'

Nombreux sont ceux qui veulent retourner vivre sur leur territoire et, malgré les violentes tentatives d'intimidation du gouvernement, certains l'ont fait. La vie au sein de la Réserve est dure puisque les Bushmen y sont interdits de chasse, de cueillette et de ramassage du bois. De plus, depuis la destruction du puits, l'eau y est devenue une denrée très rare. Seuls le courage et la force de caractère ont permis à ces irréductibles de supporter la pression constante exercée par le gouvernement pour les pousser à partir. L'un de ces Bushmen confiait il y a peu à Survival : ‘Le gouvernement a coupé l'eau mais je ne partirai pas. Je me suis juré de continuer à vivre sur la terre de mes ancêtres, là où ils sont enterrés et là où je suis toujours vivant'.

Le gouvernement maintient que les personnes déplacées sont volontaires, mais récemment, le Premier ministre du Botswana en déplacement à Londres faisait à un groupe d'étudiants cet aveu embarrassant : ‘Nous avons mis ces gens [les Bushmen] là où nous voulions qu'ils soient'.

Une fois les Bushmen expulsés en 2002, le gouvernement a quadrillé la majeure partie de la Réserve en concessions destinées à la prospection du diamant. De Beers et BHP Billiton en possèdent la plupart. De Beers refuse de condamner le départ forcé des Bushmen. Le directeur général de la filiale du Botswana a d'ailleurs publiquement salué cette initiative.

Les Bushmen et les Bakgalagadi appellent la communauté internationale, par le biais de Survival, à soutenir leur tentative de retour sur leur territoire ancestral et leur droit à y vivre en toute tranquillité.

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