Le gouvernement botswanais conteste une décision judiciaire

14 Décembre 2010

Quatre ans plus tard, le gouvernement botswanais conteste toujours le verdict de la Haute Cour. © Survival International

Cette page a été créée en 2010 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Quatre ans après la victoire juridique des Bushmen du Kalahari à l’issue de laquelle ils obtinrent le droit de vivre sur leurs terres ancestrales, le gouvernement botswanais a émis un communiqué contestant le verdict.

En 2002, le gouvernement botswanais avait expulsé les Bushmen de leurs terres ancestrales dans la Réserve du Kalahari central. Le 13 décembre 2006, après la bataille juridique la plus longue et la plus coûteuse de l’histoire du pays, la Haute Cour botswanaise confirmait que le gouvernement avait illégalement et anticonstitutionnellement évincé les Bushmen de leurs terres.

Cependant, depuis ce verdict, le gouvernement continue d’empêcher les Bushmen de rentrer chez eux. Il vient même d’émettre une déclaration discréditant le jugement de la Haute Cour.

Dans cette déclaration, le gouvernement affirme qu’il ‘ne force pas [les Bushmen] à sortir de la Réserve’ et que ceux-ci ‘se réjouissent des développements [apportés] à leurs nouveaux campements’. La Cour avait pourtant statué que les Bushmen ‘avaient été dépossédés indûment, illégalement et sans leur consentement de leur territoire’.

Le gouvernement prétend également avoir apporté aux Bushmen ‘le développement dans leurs nouveaux camps, tels que l’éducation et la santé ainsi que de nombreux autres services destinés à améliorer leur qualité de vie’. Treize ans après la création du camp de relocalisation principal, aucun Bushman n’a trouvé d’emploi permanent, et l’alcoolisme et les maladies y sont monnaie courante. Comme l’avait affirmé l’un des juges au cours du procès : ‘[Le gouvernement] devrait se demander si la disparition d’un peuple n’est pas un prix trop cher payé en échange de services basiques dans un lieu centralisé’.

En dépit du jugement de la Cour qui indiquait que ’l’interruption simultanée de l’approvisionnement en rations alimentaires et de l’attribution [de permis de chasse] équivaut à condamner les résidents de la réserve à mourir de faim’, le gouvernement interdit aux Bushmen d’accéder à l’eau ou de chasser pour se nourrir dans la réserve. Il les accuse de pratiquer le ‘braconnage’ sur leurs propres terres, prétendant qu’ils ont contribué au ‘déclin de toutes les espèces du Kalahari’, sans en apporter aucune preuve.

Ce même document critique également Survival, prétendant que l’organisation ‘veut [pour les Bushmen] une vie de pauvreté et de souffrance’. L’un des juges avait pourtant félicité Survival pour avoir apporté ‘son soutien et redonné du courage à un peuple qui historiquement était économiquement et politiquement trop faible pour remettre en cause les décisions qui les affectaient.’

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Le gouvernement botswanais est en train de ressortir les mêmes poncifs fabriqués de toutes pièces qu’en 2002. Survival n’est pas la seule à avoir accusé le gouvernement de déformer la réalité; de nombreux journalistes indépendants qui se sont rendus au Botswana l’ont confirmé. Le gouvernement veut tout simplement expulser les Bushmen du Kalahari pour faire place à l’exploitation diamantifère et au tourisme. Il s’y efforce depuis treize ans et il se pourrait bien qu’il y parvienne. Survival intensifiera sa campagne de boycott des diamants et du tourisme. Il revient aux consommateurs de décider eux-mêmes s’ils veulent ou non participer à la destruction des Bushmen’.

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