La Cour suprême indienne condamne 'l'injustice historique' à l'égard des peuples indigènes
24 Janvier 2011
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Deux magistrats de de la Cour suprême indienne ont rendu un jugement inattendu reconnaissant les peuples indigènes de l’Inde comme ‘les premiers habitants’ de la nation et condamnant fermement ’l’injustice historique’ dont ils ont été victimes.
Les juges Gyan Sudha Misra et Markandey Katju instruisaient en appel le cas d’une femme bhil qui avait été déshabillée, rouée de coups et exhibée nue pour avoir eu une relation avec un homme d’une caste supérieure. Les juges ont proclamé que les peines infligées aux coupables étaient trop légères, leur crime étant ‘honteux, choquant et scandaleux’ et ‘totalement inacceptable dans l’Inde moderne’.
Les juges ont félicité les peuples indigènes de l’Inde pour avoir su préserver leurs coutumes malgré l’oppression et les nombreuses atrocités qu’ils ont subies de la part des autres communautés. Ils ont explicitement reconnu que les peuples indigènes du pays, ou Adivasi, étaient les ‘descendants des premiers habitants de l’Inde’, contrairement à la majorité de la population qui est ‘issue de l’immigration’. La position officielle du gouvernement indien a toujours été que les Adivasi étaient des ‘indigènes’ au même titre que tous les citoyens indiens.
Le cas de la femme bhil a été examiné dans le contexte de ‘milliers d’années d’un régime de violente oppression accompagné d’atrocités envers les Adivasi’. Les juges ont réprouvé les mauvais traitements infligés aux Adivasi en raison de l’opinion communément admise de ’l’infériorité’ des peuples indigènes.
‘La mentalité de nos compatriotes vis-à-vis de ces tribus doit changer et il nous appartient de leur témoigner le respect qui leur est dû en tant que premiers habitants de l’Inde… L’injustice faite aux peuples indigènes de l’Inde est un chapitre honteux de l’histoire de notre pays… Ils ont été décimés et les survivants et leurs descendants ont été stigmatisés, humiliés et toutes sortes d’atrocités leur ont été infligés durant des siècles. Ils ont été privés de leurs terres, ils ont été repoussés dans les forêts et les collines où ils ont mené une existence misérable dans la pauvreté, l’analphabétisme et la maladie’.
Les juges ont indiqué que l’injustice subie par les Adivasi n’appartenait pas au passé et que ‘de nos jours encore certains s’efforcent de les déposséder des forêts et des collines mêmes où ils vivent, ainsi que des ressources forestières dont ils dépendent pour leur survie’, insistant sur le fait que ’l’impact de la dépossession de leur terre est dévastateur pour les communautés indigènes’.
Survival mène campagne pour la reconnaissance des droits des Adivasi, particulièrement leurs droits fonciers et leur droit de choisir leur propre mode de vie et leur propre avenir.