Des documents révèlent la 'guerre spirituelle' menée par des missionnaires contre les Indiens isolés

23 Juin 2011

Homme et enfants suruwaha. © Survival International

Cette page a été créée en 2011 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Des carnets de bord appartenant à deux missionnaires obtenus par Survival International révèlent leur tentative de contact d’un groupe d’Indiens isolés en Amazonie brésilienne.

Les missionnaires qui appartenaient à l’organisation fondamentaliste nord-américaine JOCUM (Jovens com uma Missão – Jeunes avec une mission), ont vainement cherché à entrer en contact avec les Indiens isolés Hi Merimã en 1995.

L’un d’entre eux avait écrit dans son carnet : ‘Nous pensons avoir atteint notre but, prêts au contact, les traces sont récentes, il ne s’agit pas d’un rêve, c’est la réalité, ils étaient dans notre campement et ils y ont pris des affaires, les Indiens Himarimã existent encore et nous sommes proches d’eux, Alleluia !!!’

Il assimilait le rôle des missionnaires à ’l’invasion d’un territoire ennemi, une région qui a toujours été dominée par le diable, à une guerre spirituelle’.

Son confrère avait noté : ‘Durant tout mon voyage, j’ai mené une guerre spirituelle, prenant possession de cette terre que Dieu nous a donnée. Et nous avons réellement pénétré dans une région qui jusqu’à aujourd’hui était dominée par des ennemis, mais nous avons fini par prendre possession de ce territoire et de ce peuple pour notre Seigneur, nous sommes venus en Son nom, en tant qu’ambassadeurs dépêchés par Dieu’.

Toute tentative d’entrer en contact avec des Indiens isolés est illégale et extrêmement dangereuse en raison de leur vulnérabilité face aux maladies extérieures contre lesquelles ils ont peu de résistance et qui peuvent leur être fatales.

Dans les années 1980, New Tribes Mission (Mission des nouvelles tribus) était entrée en contact avec la tribu zo’e avec des résultats catastrophiques : un quart du groupe environ avait succombé aux maladies en l’espace de six ans.

JOCUM s’est également rendu tristement célèbre par la diffusion de ‘Hakani’, un film truqué montrant un enfant en train d’être enterré vivant par sa tribu, les Suruwaha.

Voir une vidéo des Suruwaha manifestant leur opposition à ce film

L’organisation fondamentaliste mène actuellement campagne pour que le Congrès brésilien approuve la ‘loi Muwaji’ – une dangereuse initiative fortement contestée par de nombreux Indiens – qui appelle les autorités à intervenir dans les cas où quiconque estimerait qu’il existe un risque de ‘pratiques traditionnelles préjudiciables’.

La loi n’est pas nécessaire puisque l’infanticide est interdit au Brésil et elle est dangereuse parce qu’elle implique l’intervention des autorités ayant le pouvoir d’enlever des enfants indiens sur le seul avis d’une personne qui pense qu’un tel risque est bien réel. Si cette loi était adoptée, elle aurait des conséquences catastrophiques en divisant les familles et en menaçant la cohésion des communautés.

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