Ethiopie : la répression gouvernementale s'intensifie dans la région de l'Omo

4 Novembre 2011

Les Mursi sont l’un des peuples affectés par les plantations et le barrage. © Magda Rakita/ Survival

Cette page a été créée en 2011 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Survival a reçu des informations inquiétantes sur la répression qui s’exerce actuellement en Ethiopie à l’encontre des tribus indigènes opposées au projet gouvernemental visant à les expulser de leurs terres, dans la région de l’Omo, pour les forcer à se sédentariser dans des villages.

Les autorités ont organisé des rencontres communautaires pour avertir les habitants de la mise en œuvre d’un projet controversé visant à céder les terres indigènes à l’Etat et à des compagnies privées pour les convertir en plantations à grande échelle de canne à sucre, de coton et de plantes destinées à la production d’agrocarburants.

A la suite de l’une de ces rencontres, un groupe de membres des tribus bodi et chirim a été conduit à l’endroit où ils devaient être réinstallés. Ayant manifesté leur refus d’y être déplacés, les autorités ont alors fait appel aux forces de sécurité pour s’interposer lors d’une nouvelle rencontre. Lorsqu’ils ont renouvelé leur refus d’être déplacés, les autorités ont arrêté quatre jeunes hommes et les ont incarcérés.

Les Bodi étaient si terrorisés qu’ils ont finalement accepté que le gouvernement s’empare de leurs terres pour y produire du sucre, ils se rendaient compte que ‘la mort n’était pas loin s’ils refusaient’.

Des membres de la tribu suri ont également été arrêtés dans la ville de Tum pour s’être opposés à une plantation exploitée par une compagnie malaisienne qui occupe une grande partie de leurs pâturages.

De nombreux Suri ont affirmé que les arrestations étaient une démonstration de force des autorités destinée à les effrayer afin qu’ils ne s’opposent pas aux plantations. ‘Nous vivions ici en paix, au cœur du territoire suri, là où nous faisions paître nos troupeaux durant les saisons sèches et humides. Aujourd’hui ces pâturages ont été convertis en plantations par une puissante compagnie malaisienne’, a déploré un Suri.

Une femme suri a révélé que ‘les investisseurs malaisiens et le gouvernement avaient entraîné 130 soldats munis de fusils automatiques. Si les Suri font preuve d’agressivité en s’opposant aux plantations, les soldats tueront nos hommes et nos enfants’.

Une partie du territoire mursi a été rasée pour y construire des logements destinés aux employés de la plantation et un second campement est en cours de construction. Les autorités ont annoncé aux Mursi qu’ils iraient chercher les jeunes et les vieux de la tribu qui s’opposent aux plantations pour les jeter en prison.

On estime que 200 Bodi, 28 Mursi et 20 Suri sont actuellement incarcérés. Ils craignent que les forces de sécurité ne déclenchent contre eux une répression mortelle.

Plus de 300 000 hectares de terres indigènes et de parcs nationaux ont été cédés à des plantations dans la vallée inférieure de l’Omo.

Carte révélant les concessions de canne à sucre sur les terres des tribus (cliquer sur l’image pour l’agrandir). © Survival

Les plantations ne seront rentables que lorsque le barrage controversé de Gibe III, actuellement en cours de construction, assurera la régulation de l’écoulement des eaux de la rivière Omo pour permettre l’irrigation des plantations. En revanche, le barrage perturbera les crues annuelles naturelles dont les tribus de la vallée inférieure de l’Omo dépendent pour leur survie.

Un Bodi a souhaité adresser ce message aux sympathisants de Survival : ‘S’il vous plaît, aidez-nous. Ces projets de plantations nous apportent tout sauf la paix’ et un membre d’une autre tribu a imploré : ‘Faites en sorte que ce gouvernement cesse de nous terroriser!’

Peuples de la vallée de l'Omo
Peuple

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