One Planet Summit : Macron fait pression pour les 30 % alors que près de 200 organisations alertent contre une catastrophe
13 Janvier 2021
Cette page a été créée en 2021 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.
Le One Planet Summit, présidé par Emmanuel Macron et organisé par la France, avait été présenté comme le sommet où “décideurs politiques et acteurs économiques du monde entier se réunissent pour agir contre l’érosion de la biodiversité”.
Il semblerait qu’il ait surtout servi à affirmer une volonté de monétarisation de la nature – à travers les solutions basées sur la nature, comme les compensations – et l’adhésion d’une cinquantaine de pays, dont la France, à l’objectif désastreux des 30 %.
Le président français a souligné, à de nombreuses reprises, l’importance de la “Coalition de la Haute Ambition pour la Nature et les Peuples”, par laquelle la France demande que 30 % de la Terre soit transformée en aires protégées d’ici 2030. Un projet qui doit être décidé lors de la prochaine Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique.
Selon Survival International, le mouvement mondial pour les peuples autochtones, l’objectif de 30 % est un grand mensonge vert qui risque de nuire à la vie de 300 millions de personnes, dont des personnes autochtones, et qui ne sauvera en rien la planète.
Dans de nombreuses régions du monde, une aire protégée est une zone où les personnes qui y vivaient ne sont plus autorisées à le faire ni à utiliser la nature pour nourrir leurs familles, ni les plantes médicinales pour se soigner, ni à visiter leurs sites sacrés. Lorsqu’ils s’y rendent, ils sont battus, torturés, voire tués.
Partout dans le monde, des peuples autochtones mettent en cause cette industrie de la conservation de la nature qui bafoue trop souvent leurs droits. Lors d’une récente conférence animée par des députés du Parlement européen, des représentants et militants autochtones ont pu clairement exprimer leur ferme opposition.
Pranab Doley, du peuple mising, de Kaziranga en Inde a ainsi déclaré : « L’histoire a oublié les habitants des forêts qui se sont historiquement sacrifiés pour le parc national et pour les animaux. L’histoire de la conservation est parsemée de la colonisation et de l’appropriation de nos efforts. Notre travail doit être reconnu. […]
« Nous avons besoin que les gens se joignent à nous pour faire entendre nos voix car nous avons été battus, torturés, assassinés au nom de la conservation de la nature. »
Survival fait campagne pour que les peuples autochtones soient placés au centre du mouvement de conservation de la nature et pour que les projets ne se fassent plus à leurs dépens.
Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré : « Le gouvernement français porte des œillères. Il ne voit pas à quel point ces projets sont destructeurs pour les peuples autochtones qui ont habité et géré de prétendues “zones sauvages” pendant des générations – mais qui sont censés faire place à la conservation de la nature. Il ne réalise pas non plus à quel point il est arrogant et raciste de croire que “nous” trouverons une meilleure façon de gérer ces territoires uniques. L’objectif des 30 % ne suit même plus la science, qui a clairement montré au cours de la dernière décennie que les droits territoriaux des peuples autochtones sont essentiels à la conservation de la biodiversité. »
Notes aux rédacteurs :
Près de 200 organisations et experts ont mis en garde contre les graves conséquences pour les peuples autochtones et communautés locales des aires protégées si des normes contraignantes en matière de droits humains ne sont pas établies et si les droits territoriaux des peuples autochtones ne sont pas placés au centre des efforts.
Fiore Longo, chargée des campagnes "Décoloniser la protection de la nature" et le "Grand mensonge vert" est disponible pour des interviews en français.