Nouvelle enquête – “Violés et frappés” : une ONG étroitement liée au prince Harry coupable de terribles exactions en Afrique
29 Janvier 2024
D’après une grande enquête publiée dimanche dans le quotidien britannique The Mail on Sunday, une ONG avec laquelle le prince Harry entretient des liens étroits a financé des gardes forestiers responsables de terribles exactions contre des personnes autochtones au Congo. Sont notamment rapportés des cas de torture et de viol.
Ces exactions ont été commises dans le parc national d’Odzala-Kokoua en République du Congo, géré par African Parks. Le prince Harry est membre du conseil d'administration de cette ONG, fonction à laquelle il a été “promu” en 2023 après avoir occupé celle de président pendant six ans.
L’enquête a permis de collecter des preuves sur d’innombrables atrocités commises par la “milice armée” d’African Parks contre des communautés du peuple baka. Cette organisation était au courant de ces abus depuis des années, mais a poursuivi ses activités sans impulser le moindre changement.
Un homme baka a dit à Ian Birrell, du Mail on Sunday : “African Parks nous tue petit à petit. Nous souffrons tellement que nous pensons parfois qu’il vaudrait mieux être déjà morts.”
Un autre a déclaré : “Dans le passé, tout allait beaucoup mieux pour nous ; c’est African Parks qui a tout changé.”
Un autre Baka, Moyambi Fulbert, cité dans l’enquête, souhaite transmettre ce message au prince Harry : “J’aimerais lui dire d’arrêter de soutenir African Parks. C’est un homme puissant. Il mange bien, il a une belle vie, mais nous, nous n’avons plus rien, tout cela à cause d’African Parks.”
Les Baka et d’autres chasseurs-cueilleurs vivant dans les forêts du bassin du Congo depuis des temps immémoriaux ont ainsi vu une grande partie des terres dont ils prenaient soin confisquées et transformées en parcs nationaux ou autres Aires protégées.
Ils vivent aujourd’hui dans des conditions effroyables, sans terres et dans une situation de dépendance vis-à-vis de l’extérieur, ou sont utilisés comme “attractions touristiques”.
On leur interdit de pénétrer dans la forêt qui était auparavant leur foyer, tandis que des entreprises exploitant les minerais, le pétrole ou les forêts sur leurs terres, ou encore les chasseurs de trophées, sont considérés comme des “partenaires” de la conservation et autorisés à poursuivre leurs activités comme bon leur semble.
Caroline Pearce, directrice de Survival International au Royaume-Uni, a déclaré aujourd’hui : “African Parks, ainsi que d’autres grandes organisations de conservation telles que le WWF, s’emparent de territoires autochtones pour les transformer en parcs ou réserves militarisés, où leurs gardes attaquent des personnes comme les Baka, qui cherchent simplement à vivre. Le prince Harry peut contribuer à mettre fin à ces abus.”
“Nous lui demandons de présenter sa démission du conseil d'administration d’African Parks. Il doit prendre ses distances avec cette organisation complice d’expulsions et d’abominables violations des droits de personnes autochtones.”
“Ceux qui la financent doivent retirer leurs fonds jusqu’à ce que les Baka puissent revenir dans le parc et que leurs droits territoriaux soient reconnus.”
“Il ne s’agit pas d’un cas isolé : les exactions révélées par le Mail on Sunday sont fréquentes en Afrique et en Asie. Comme à l’époque coloniale, toute l’approche des grandes organisations de conservation se base sur le vol des terres autochtones et l’expulsion des habitants légitimes de ces territoires. Il est grand temps de décoloniser la conservation.”
Note aux rédactions :
- Les chercheurs et chercheuses de Survival ayant travaillé sur le terrain à Odzala sont disponibles pour toute demande d'interview.
- Des photos et vidéos sont également disponibles.