Un Indien retrouvé mort après une attaque armée

18 Novembre 2009

Un Guarani © João Ripper/Survival

Cette page a été créée en 2009 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Le cadavre d’un Indien guarani présentant de nombreuses blessures a été retrouvé dans une rivière à proximité de son territoire ancestral au Brésil, à la suite d’une agression armée sur la communauté de Ypo’i le 30 octobre dernier.

Le corps de l’enseignant Genivaldo Vera a été identifié par sa famille le 10 novembre. Les autorités brésiliennes sont en train d’enquêter pour établir la cause du décès. L’attaque s’est produite près du ranch ‘Triunfo’, établi sur le territoire guarani près de la ville de Paranhos, dans l’Etat du Mato Grosso do Sul, au sud-ouest du Brésil, à la frontière paraguayenne.

Rolindo Verá, le cousin de Genivaldo, également enseignant, est porté disparu depuis l’attaque. Craignant qu’il ait également été tué, les Guarani ont appelé les autorités brésilienne et paraguayenne à mener une enquête urgente sur sa disparition.

Genivaldo et Rolindo Vera s’étaient joints à d’autres Guarani, le 29 octobre pour réoccuper une partie de leurs terres ancestrales (ou tekohá). Leur territoire ayant été spolié et occupé par des éleveurs, plus de 3 000 Guarani étaient contraints de vivre entassés sur une parcelle de 2 118 hectares.

Depuis des années, les Guarani attendaient désespérément le moment de pouvoir retourner à Ypo’i. Ils ont fait cette tentative devant l’inertie de la FUNAI, le département des affaires indiennes du gouvernement brésilien, qui n’a toujours pas délimité leur territoire bien qu’elle ait reçu l’ordre de le faire,

Le lendemain de leur retour à Ypo’i, les Guarani ont été attaqués par un groupe d’hommes armés qui sont arrivés dans un camion et ont commencé à tirer sur eux, à les frapper, à les harceler pour les forcer à quitter la région. Plusieurs Guarani ont été blessés et Genivaldo et Rolindo ont disparu.

Le chef guarani Verá a témoigné : ‘Lorsque nous sommes arrivés à notre tekohá, nous étions très heureux. Nous avons commencé à construire des maisons pour pouvoir recommencer à vivre sur notre propre terre. Mais peu de temps après, une bande d’hommes armés est arrivée, nous a battu à mort et a tiré sur nous. Nous nous sommes mis à fuir. Bien plus que la douleur des balles et des coups, nous avons durement ressenti la souffrance d’être forcés de quitter ce qui est nôtre’.

L’attaque est la plus récente d’une série de violents événements qui se sont déroulés dans le Mato Grosso do Sul. Une semaine auparavant, les Indiens terena qui avait tenté de réoccuper une partie de leurs terres ancestrales dans la municipalité de Sidrolândia avaient également été expulsés par la force.

Le Haut Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies, Navi Pillay, qui vient de se rendre au Brésil, a décrit la situation des peuples indigènes comme ‘étonnamment invisible’. Elle a déclaré : [Les Indiens] ‘sont étouffés par la discrimination et l’indifférence, chassés de leurs terres et contraints au travail forcé’.

De tous les Indiens du Brésil, les Guarani du Mato Grosso do Sul sont ceux qui sont confrontés à l’une des situations les plus dramatiques. Occupant jadis un immense territoire de plaines et de forêts d’une superficie de 350 000 kilomètres carrés, ils vivent aujourd’hui entassés dans des campements surpeuplés.

Certains Guarani n’ont pas de terre du tout et campent sous des bâches en plastique le long des routes. Ils sont confrontés au chômage, à la pauvreté, aux maladies, à la malnutrition, à la violence, à une exploitation proche de l’esclavage dans les champs de canne à sucre et connaissent un taux de suicide inégalé en Amérique du Sud.

Survival International a ouvert un fonds de soutien aux Guarani, en association avec le film ‘La terre de hommes rouges’ de Marco Bechis, dans lequel les Indiens Guarani-Kaiowá jouent leurs propres rôles. Les fonds recueillis seront employés à les aider à défendre leurs droits, leurs terres et leur avenir.

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