Violences à l’encontre des tribus qui s'opposent aux multinationales opérant en Inde
2 Juin 2010
Cette page a été créée en 2010 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.
Survival International appelle à l’ouverture urgente d’une enquête sur la violence croissante dirigée contre les tribus de l’Etat d’Odisha en Inde. La police a tiré sur la foule qui manifestait contre le conglomérat indien TATA Group qui possède Jaguar, Land Rover, Corus et Tetley. Survival craint que les manifestations organisées dans le même Etat contre la compagnie Vedanta Resources ne dégénèrent également en violences.
Le mois dernier, la police a ouvert le feu sur des manifestants indigènes protestant contre une aciérie que Tata projette d’implanter sur leur territoire. Un homme a été tué et d’autres ont été blessés. Ces tragiques événements se sont déroulés dans la région de Kalinganagar, dans l’Etat d’Odisha (anciennement Orissa), en Inde.
Laxman Jamua, membre de la tribu munda, a été tué et au moins neuf autres personnes ont été blessées par la police et des milices privées qui ont ouvert le feu sur les manifestants qui protestaient contre le projet industriel et routier.
Le neveu de Laxman Jamuda, Chandramohan, a déclaré : ‘La police nous a attaqués et nous a chassés du village – tous, femmes âgées, enfants et petites filles, avons été battus. Mon oncle portait mon enfant dans ses bras. Il a été touché dans le dos et même ma petite fille a été atteinte sur la joue par les fragments d’un obus à balles shrapnel’.
L’administration d’Odisha soutient activement les projets des compagnies telles que TATA, Vedanta et POSCO qui n’ont pas obtenu le consentement des communautés affectées par les opérations qu’elles mènent sur leur territoire.
Jema Kanaka, une femme qui a été agressée par la police en mai, a déclaré : ‘Un policier musclé s’est mis à hurler : « Détruisez toutes les maisons ! »… nous lui avons répondu que tout ce que nous possédions était là : nos maisons, nos foyers, nos fermes, nos jardins, nos familles… Le policier nous a alors nargués en nous traitant de misérables mendiants et nous a annoncé qu’il détruirait nos maisons coûte que coûte… Puis ses collègues nous ont attaqués de toutes parts et nous ont frappés sans merci’.’
Les tribus de la région de Kalinganagar sont fermement opposées au projet de TATA et y résistent depuis des années. En 2006, douze autochtones au moins avaient été abattus par des policiers qui avaient tiré sur la foule lors d’une manifestation. En mars dernier, la police et d’autres individus ont ouvert le feu sur le village tribal de Baligotha, blessant au moins vingt personnes. Des témoins ont affirmé que les maisons avaient été détruites et que du kérosène avait été déversé dans les puits d’eau potable.
La politique d’industrialisation de l’Etat suscite de grandes inquiétudes parmi la population locale qui est victime de mesures policières répressives. Dans le district de Jagatsingpur, des fermiers tentent de résister depuis cinq ans au projet métallurgique de POSCO. Le mois dernier, la police a démantelé une manifestation pacifique en faisant usage de gaz lacrymogène et de matraques.
La tribu des Dongria Kondh qui vit dans les collines de Niyamgiri en Odisha lutte également contre un projet minier planifié sur son territoire par la compagnie Vedanta Resources. Le gouvernement d’Odisha soutient cette companie en dépit de la ferme opposition de la tribu. La police a arrêté à plusieurs reprises les habitants de la région qui manifestaient contre le projet minier et la raffinerie – déjà opérationnelle – de Vedanta. Survival a également reçu des rapports indiquant que les opposants à la mine étaient victimes de manœuvres d’intimidation. Des représentants de Survival ont eux-mêmes été poursuivis et inquiétés lors d’une visite dans la région il y a six mois.
Survival craint que la situation ne s’envenime et ne dégénère en violences si le projet minier de Vedanta n’est pas arrêté d’urgence.
Stephen Corry, directeur de Survival, a déclaré : ’La violence doit être stoppée. Les projets industriels à grande échelle imposés contre la volonté des peuples indigènes sont injustes et illégaux; ils ne peuvent qu’aboutir au désastre’.