Les Papous fuient la répression militaire
16 Janvier 2015
Cette page a été créée en 2015 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.
Des centaines de Papous ont fui leurs foyers suite à une opération militaire musclée dans les hautes terres de Papouasie. La répression a eu lieu près de Grasberg – la plus grande mine de cuivre et d’or du monde.
Le 7 janvier, des centaines de policiers et de soldats ont pris d’assaut le village d’Utikini, suite au meurtre de deux officiers de police et d’un agent de sécurité de la mine.
Des photographies ont été diffusées qui montrent des Papous dévêtus jusqu’à la taille et ligotés les mains dans le dos, probablement prises comme ‘trophées’ par des soldats ou des policiers. Des villageois ont rapporté que 116 Papous ont été arrêtés, dont 48 femmes et 3 enfants. Nombre d’entre eux ont été interrogés et torturés par la police. 12 sont toujours en garde à vue.
Survival International a reçu des rapports selon lesquels, dans un village voisin, Jekson Waker a reçu deux balles dans les pieds afin ’qu’il se tienne tranquille’. Les soldats et la police ont incendié des maisons et des tentes appartenant aux membres des tribus dani, amungme, damal et moni.
La police aurait trouvé que de nombreux villageois détenaient des tracts en faveur de l’indépendance papoue. De telles manifestations d’expression politique peuvent être dangereuses en Papouasie occidentale, où des Papous sont actuellement emprisonnés jusqu’à 15 ans pour avoir levé le drapeau indépendantiste.
Des activistes ont rapporté que lors d’une conférence de presse, le 7 janvier, un chef de la police indonésienne a déclaré : ’J’ai ordonné [aux policiers] de brûler les maisons des habitants du village d’Utikini. Cela a été fait délibérément afin de briser le mouvement [indépendantiste]. Je les anéantirai.’
La présence de tant de policiers et de soldats a répandu la terreur dans la région et nombreux sont ceux qui ont fui leurs villages et se cachent à présent dans la forêt. De telles opérations militaires de ratissage sont monnaie courante en Papouasie occidentale, où les soldats et la police tuent, violent et torturent en toute impunité.
Cet incident survient quelques semaines seulement après la fusillade mortelle de cinq adolescents papous par des soldats et la police. Le nouveau président indonésien a condamné les meurtres et a appelé à l’ouverture d’une enquête sur ces homicides. Cependant, de nombreux Papous restent insatisfaits qu’il ait fallu attendre 20 jours pour que le président fasse une déclaration et ont très peu d’espoir que justice soit rendue.