Le Pérou ignore les Nations-Unies et maintient son projet gazier mortel

14 Janvier 2014

Les Nahua ont été contactés dans les années 1980 lors des opérations d’exploration pétrolière de Shell dans la région du projet gazier de Camisea. Les épidémies qui s’ensuivirent décimèrent la moitié du groupe. © Unknown/Survival

Cette page a été créée en 2014 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Le gouvernement péruvien est sur le point d’approuver l’extension du projet gazier très controversé de Camisea dans le territoire d’Indiens isolés, ignorant une récente recommandation des Nations-Unies en vue de procéder préalablement à des ‘études approfondies’ concernant les menaces qui pèsent sur les Indiens isolés.

Le ministère péruvien de la Culture est prêt à approuver l’extension de Camisea – d’un coût de 1,6 milliards de dollars – conduit par les géants pétroliers Pluspetrol (argentin), Hunt Oil (nord-américain) et Repsol (espagnol) si trois conditions mineures sont remplies, faisant craindre l’imminence de la mise en œuvre du projet.

Tout contact avec les ouvriers du gaz risque d’être fatal pour les Indiens isolés en raison des maladies qu’ils peuvent leur transmettre. Lorsque Shell a effectué ses premières explorations dans la région au cours des années 1980, la moitié de la tribu nahua a été décimée.

Le projet d’extension situé à l’intérieur de la réserve Nahua-Nanti, créée pour les Indiens isolés, implique l’utilisation de milliers de charges explosives et le forage de puits d’exploration à l’aide d’équipements lourds, nécessitant le concours de centaines d’ouvriers.

James Anaya, rapporteur spécial des Nations-Unies pour les droits des peuples indigènes, qui a visité la région le mois dernier, a mis en garde le ‘gouvernement et les compagnies [qui] devraient agir avec une extrême prudence et renoncer à ce projet d’expansion tant qu’ils ne seront pas assurés de façon concluante que les droits de l’homme [des Indiens] ne sont pas menacés.’

L'expansion de Camisea dans le territoire des Indiens isolés risque d'avoir des conséquences dévastatrices. © A. Goldstein/Survival

M. Anaya a également recommandé que le gouvernement mène des ‘études approfondies (…) pour établir la présence des tribus non contactées et isolées et des conditions dans lesquelles celles-ci se trouvent’.

Mais malgré plusieurs visites dans la région, le ministère péruvien de la Culture, chargé de protéger les peuples indigènes du pays, a négligé de réaliser les études d’impact de l’expansion de Camisea sur les Indiens isolés ce qui a entraîné la démission d’au moins trois ministres opposés à ce projet.

Survival International a exigé l’arrêt des travaux d’exploration pétrolière et gazière sur les terres des tribus isolées et ses sympathisants ont envoyé plus de 130 000 messages à Ollanta Humala, président du Pérou.

Stephen Corry, directeur de Survival International a déclaré aujourd’hui : ‘Le projet d’expansion de Camisea va créer un précédent effrayant. Si le plus grand projet gazier du Pérou est autorisé au cœur d’une réserve pour les Indiens isolés, les lois que le gouvernement a édictées pour protéger ses peuples indigènes sont totalement dénuées de sens. Pourquoi une telle précipitation à exploiter les ressources nationales au prix de la vie des Indiens ? Le Pérou n’a-t-il rien retenu de l’histoire sanglante et honteuse du contact ?’

Notes aux rédactions:

- Lisez le rapport de James Anaya, rapporteur spécial des Nations-Unies pour les droits des peuples indigènes" (en Espagnol)

Peuples non contactés du Pérou
Peuple

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