Survival dénonce le silence des médias face aux violations des droits humains commises au nom de la protection de la nature

11 Octobre 2021

Survival dénonce le silence des médias face aux violations des droits humains commises au nom de la protection de la nature. © Survival International

Cette page a été créée en 2021 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Survival International France a organisé ce matin, lundi 11 octobre, une action pour dénoncer le silence de certains grands médias face aux violations des droits humains commises au nom de la protection de la nature et leur complaisance envers les responsables.

L’équipe de Survival International France et des sympathisants devant les locaux du journal Le Monde. © Survival International

L’équipe de Survival International France, accompagnée de sympathisants, s’est postée en face des bureaux du journal Le Monde en affichant des portraits de personnes autochtones victimes de la conservation de la nature accompagnés de la mention : “Victime de la conservation de la nature… ignorée par la presse” et a distribué des flyers pour attirer l’attention des journalistes et des passants.

L’équipe de Survival International France, accompagnée de sympathisants, s’est postée en face des bureaux du journal Le Monde en affichant des portraits de personnes autochtones victimes de la conservation de la nature. © Survival France

Tous les jours des personnes sont battues, torturées, violées, voire tuées, simplement parce qu’elles veulent chasser pour se nourrir ou se rendre sur leurs sites sacrés. Ces violences sont financées directement ou indirectement par de grandes ONG de protection de la nature telles que le WWF ou la Wildlife Conservation Society (WCS), mais aussi par des institutions comme l’Union européenne ou les banques de développement.

Cela fait trente ans que Survival dénonce ces abus. Pourtant, dans les grands médias, ce modèle n’est presque jamais remis en cause. Pire, la parole de ceux qui sont responsables de ces abus, comme le WWF ou l’UNESCO, est diffusée sans aucun recul.

Deux évènements majeurs nous ont décidés à prendre la parole publiquement et dénoncer cet état de choses.

Tout d’abord, le fait que de nombreux médias ont presque totalement ignoré les voix alternatives qui se sont opposées au congrès mondial de la nature soutenu par le gouvernement français et organisé par l’UICN. Un congrès pour la nature qui, rappelons-le, comptait parmi ses sponsors certaines des “références” en matière d’écologie et de protection de l’environnement puisqu’il s’agissait entre autres de Nutella, BNP Paribas, Veolia ou encore JCDecaux.

Pourtant, nombreuses étaient les voix qui s’y sont opposées, notamment lors du contre-congrès Notre terre, notre nature, qui a réuni plus de trente experts autochtones et non autochtones pour dénoncer les fausses solutions poussées par le congrès de l’UICN et mettre en avant des solutions alternatives.

Les nombreux partenariats mis en place par l’UICN avec de grands médias, notamment Libération via son “Fil vert” et France Médias Monde, montre l’ampleur du problème quant à l’objectivité et l’indépendance de la couverture du congrès et, plus généralement, de tout ce qui touche à l’industrie de la conservation de la nature.

Capture d’écran d’une publication de l’UICN concernant son partenariat avec Libération © UICN

Le deuxième évènement est l’Initiative de Paris pour la Préservation des Forêts d’Afrique centrale, organisé le mercredi 6 octobre par la Ville de Paris et Le Monde Afrique*. Le but de cet évènement était de débattre de la meilleure manière “d’exploiter sans détruire” les forêts africaines et de les “protéger sans exclure”. Parmi les invités, se trouvaient de nombreux promoteurs du modèle dévastateur de la conservation-forteresse – qui sont donc complices de violations des droits humains – tels que le WWF et l’UICN. L’évènement était sponsorisé par des entreprises loin d’être spécialisées dans la protection de l’environnement, comme BNP Paribas, Engie, Kering et Orange ; certaines de ces entreprises et institutions ont ainsi pu s’exprimer quasiment sans contradiction sur “l’exemplarité” de leurs pratiques.

Le silence des médias et leur complaisance à l’égard des responsables de violations des droits humains n’est pas seulement une honte pour les milliers de victimes de la conservation de la nature, mais c’est aussi le signe évident d’une volonté d’empêcher un vrai changement radical au sein de la société, permettant ainsi aux grandes entreprises de continuer à polluer en générant des profits, avec le soutien de l’industrie de la conservation. 

Fiore Longo, directrice de Survival France, a déclaré aujourd’hui : « Le silence de la presse sur les violations des droits humains au nom de la conservation de la nature et la complaisance avec leurs auteurs n’est pas de la simple indifférence : c’est de la complicité. Pendant des années, les grands médias ont contribué à promouvoir et à entretenir le mythe de la “nature sauvage” et l’idée colonialiste et raciste selon laquelle les ONG occidentales pouvaient s’occuper de la “nature” mieux que les peuples autochtones. Cet imaginaire a conduit à des expulsions, des tortures, des meurtres et des viols de milliers d’innocents. Aujourd’hui, ils continuent cette sombre histoire sans émettre de critiques ou, pire, en idéalisant un modèle de conservation de la nature qui s’associe aux plus grands pollueurs du monde et détruit les meilleurs gardiens du monde naturel. »

*Survival y a été convié, mais nous avons décliné l’invitation après avoir découvert la liste des intervenants.

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