Expulsion d'un universitaire : la liberté d’expression sanctionée au Botswana

22 Février 2005

Cette page a été créée en 2005 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Kenneth Good, professeur de Sciences politiques à l'Université du Botswana depuis 15 ans, a reçu l'ordre de quitter le pays. Vendredi dernier, trois hommes se sont présentés à son domicile munis de menottes en lui signifiant qu'il était considéré comme un immigrant indésirable et qu'il avait 48 heures pour quitter le pays. La Haute Cour de justice, saisie par les avocats du professeur Good, a suspendu samedi la décision et convoqué l'universitaire pour le 7 mars. Selon les services secrets botswanais, Duma
Boko, l'un des avocats de M. Good, a reçu des menaces de mort. M. Boko, un célèbre avocat spécialiste des droits de l'homme, représente les Bushmen du Kalahari dont le procès, que ces derniers intentent au gouvernement pour les avoir expulsés de leurs terres, se tient actuellement devant la Haute Cour botswanaise.

Le professeur Good avait prévu de présenter hier à l'Université un article intitulé « La succession présidentielle au Botswana n'est pas un modèle pour l'Afrique » dont il est le co-auteur. Cet article est une critique de ce que l'auteur voit comme une autocratie grandissante du pays soi-disant ‘modèle' de l'Afrique. Il est vraisemblable qu'une fuite a permis au président Mogae de prendre connaissance du contenu de l'article et d'ordonner l'expulsion.

Le professeur Good est un universitaire de renom qui n'a jamais hésité à critiquer les politiques gouvernementales controversées. Il s'est prononcé sur l'expulsion des Bushmen de la Réserve du Kalahari et a élevé des doutes sur la réputation du Botswana élevé comme « flambeau de la démocratie ».

Stephen Corry, directeur de Survival, a déclaré hier : « C'est un triste jour pour la démocratie au Botswana. La réputation internationale du pays ne peut qu'être davantage entachée par cette désolante tentative de priver de parole un éminent universitaire indépendant. Ceux qui croient encore que le Botswana est le phare de la démocratie sur le continent africain devraient s'interroger sur ce gouvernement qui devient de plus en plus autoritaire et intolérant face à toute critique ou dissension ».


Pour plus d'information, contacter :
Magali Rubino :  01 42 41 44 10 ou [email protected]

Bushmen
Peuple

Partager