La Tanzanie empêche des députés européens d'enquêter sur les abus commis contre les Massaï
8 Septembre 2023
La Tanzanie a empêché une délégation de députés européens de se rendre dans le pays alors qu'elle avait précédemment accepté de les laisser entrer afin d'enquêter sur les violations des droits humains commises à l'encontre des Massaï au nom de la conservation.
Le groupe des Verts/Alliance libre européenne a qualifié la décision du gouvernement d’“incompréhensible”.
Les Massaï vivent depuis des générations dans l'écosystème du Serengeti en Tanzanie. Ils ont façonné et protégé ces terres, préservant la faune et la biodiversité dans des zones telles que Loliondo, la zone de conservation du Ngorongoro et l'actuel parc national du Serengeti.
Cependant, ils ont été systématiquement marginalisés et violemment expulsés de leurs terres ancestrales pour faire place à des projets de conservation, au tourisme et à des programmes de chasse aux trophées, en violation de leurs droits humains et constitutionnels.
Cela s’est produit notamment avec le soutien d'ONG de conservation telles que la Frankfurt Zoological Society (FZS) et des fonds européens.
Ces dernières années, les violations des droits humains à l'encontre des Massaï se sont multipliées : expulsions forcées de leurs terres ancestrales par la violence et l'intimidation, fusillades, arrestations et détentions illégales, tortures, etc.
Le gouvernement tanzanien a également empêché l'accès à des services sociaux essentiels, tels que les services de santé à Ngorongoro, afin de forcer les Massaï à quitter leurs terres ancestrales.
Joseph Oleshangay, avocat massaï spécialiste des droits humains, a déclaré hier : « Une fois de plus, nous avons vu le gouvernement tanzanien empêcher la visite des députés européens. En mai 2023, l'ambassadeur de Tanzanie avait publiquement promis qu'il n'empêcherait pas la visite des députés européens. Ces promesses non tenues ne sont qu'un aperçu de ce qui arrive aux Massaï en raison d'un régime répressif qui veut nous déposséder de nos terres au profit de groupes de chasseurs et d'investissements hôteliers luxueux. Mais ce n'est qu'une preuve de plus – ils en ont tant à cacher. La situation sur place est indescriptible. Ils ne peuvent autoriser une visite que s'ils peuvent s'en servir comme d'un blanc-seing. Nous remercions les députés européens de s'être tenus à leurs principes. »
La responsable de la campagne “Décoloniser la conservation de la nature” de Survival, Fiore Longo, a déclaré hier : « C'est gros comme une maison : le vol de terres et les abus contre les Massaï sont évidents – tout comme le refus du gouvernement tanzanien de respecter enfin les droits des Massaï. Les gouvernements occidentaux et les organisations de protection de la nature comme la Frankfurt Zoological Society poursuivent cependant leur comportement raciste et colonial en prétendant que tout va bien. Ils ouvrent à nouveau la voie avec leur argent et leur “expertise” alors que les droits des peuples autochtones sont bafoués au nom de la “conservation de la nature”. »